vendredi 7 août 2020

Serge Chapleau et Gérard D. Laflaque à Radio-Canada

 Sur le site de Radio-Canada.

Serge Chapleau célèbre cette année 50 ans de métier avec une rétrospective orchestrée par le Musée McCord. 

Nos archives témoignent du parcours du caricaturiste et de son personnage marquant à la télévision de Radio-Canada : Gérard D. Laflaque.

En Amérique du Nord au complet, il y a 300 caricaturistes pour 300 millions d'habitants. Ça fait un par million. On ne peut pas appeler ça un métier. C’est une erreur de parcours. 
Serge Chapleau, 1981

Une erreur de parcours créatrice

Serge Chapleau, selon ses propres mots, s’est peut-être trompé de chemin en devenant caricaturiste.

Le chemin qu’il a pris a fortement marqué le journalisme éditorial et l’histoire télévisuelle du Canada francophone des 45 dernières années.

Serge Chapleau étudie à l’École des beaux-arts de Montréal.

En mars 1972, il se fait repérer grâce à une caricature de l’auteur-compositeur-interprète Gilles Vigneault.

Serge Chapleau l’a fait paraître dans le magazine Perspectives, un hebdomadaire distribué dans l’édition du samedi de plusieurs quotidiens québécois.

Il contribue par la suite à plusieurs autres publications, dont le magazine satirique Croc, L'Actualité et les quotidiens Montréal-Matin, Le Devoir et La Presse.
Capture d'écran


Le 12 janvier 1981, l’émission Téléjeans propose une entrevue avec Serge Chapleau.

L’intervieweur est Christian Daigle. Celui-ci deviendra lui aussi un caricaturiste connu sous le nom de Fleg et produira nombre de caricatures éditoriales pour le quotidien Le Soleil entre 2002 et 2011.

L’entrevue s’attarde sur travail de Serge Chapleau et son métier de caricaturiste. La conversation, à un certain moment, bifurque vers un projet que le caricaturiste développe avec des marionnettes en caoutchouc.

Serge Chapleau explique que ces marionnettes lui permettent d’attirer l’attention du public plus longtemps qu’une simple caricature.

L’artiste veut par ailleurs créer des caricatures en trois dimensions qui puissent bouger. Il espère que ces dernières pourront lui ouvrir le monde relativement fermé de la télévision.

On remarquera dans ce reportage un détail qui aura beaucoup d’importance plus tard dans la carrière de Serge Chapleau.

Sur une étagère, à côté des têtes en caoutchouc du chef du Parti libéral du Québec Claude Ryan et du maire de Montréal Jean Drapeau, on voit pour la première fois celle de Gérard D. Laflaque.

Bientôt, cette tête deviendra archiconnue du public canadien.


Une émission culte de la télévision de Radio-Canada
On est des pionniers dans ce genre de télévision là. Personne n’a jamais osé s’attaquer à quelque chose d’aussi exigeant que ça, avec des défis technologiques comme ça. 
Michel Morin, directeur d’écriture de l’émission Et Dieu créa Laflaque

Après une présence remarquée sur les ondes de Radio-Québec entre 1982 et 1983, le personnage de Gérard D. Laflaque devient en 1984 une des vedettes de la télévision de la Société Radio-Canada.

Gérard D. Laflaque, un quadragénaire un peu grincheux, un brin rétrograde, qui n’a pas la langue dans sa poche, se hissera rapidement au niveau des idoles du public francophone au Canada.
Capture d'écran

Le 12 septembre 2004, Radio-Canada présente une émission spéciale sur les coulisses de ce programme.

Comment Dieu créa Laflaque, animée par Christopher Hall, montre à quel point le projet était audacieux et innovateur.

L’émission constituait tout d’abord un grand défi technique.

Il fallait chaque semaine produire une émission s’appuyant sur une galerie de personnages composés d’images tridimensionnelles.

Pour y arriver, une armée de sculpteurs, de dessinateurs et d’animateurs informatiques devait trimer dur.

Et Dieu créa Laflaque montrait, notamment, l’univers intime de Gérard. Entraient ainsi en scène Georgette et Marcel, son épouse et son fils.

Leurs échanges, de même que leurs interactions avec d’autres membres de la famille, ont souvent donné lieu, pendant 15 ans, à des morceaux d’anthologie.

L’émission comprenait aussi une importante portion d’éditoriaux politiques.

Durant 30 minutes Et Dieu créa Laflaque écorchait à peu près tous les politiciens qui comptent sur la scène nationale.

Pour le faire de manière intelligente, il fallait une solide équipe de rédacteurs très attentive à l’actualité.

Les caricatures de politiciens comme le maire de Montréal Gérald Tremblay ou les premiers ministres canadien et québécois Paul Martin et Jean Charest sont devenues au fil du temps des classiques.


Le maire et le caricaturiste

Presque tous ceux et celles qui comptaient dans la classe politique québécoise et, dans une certaine mesure, canadienne ont dû affronter à un moment ou à un autre le coup de crayon affûté de Serge Chapleau.

Certains répondaient très bien au regard mordant du caricaturiste.
Capture d'écran


C’est le cas notamment du maire de Québec Régis Labeaume, comme le montre un reportage de la journaliste Émilie Perreault présenté au Téléjournal Montréal le 23 mars 2010.

Ce reportage raconte l’histoire d’une rencontre entre Serge Chapleau et une de ses têtes de Turc préférées.

Régis Labeaume s’est rendu dans les studios de création de l’émission pour voir comment on y avait conçu son personnage.

Il discute des aspects techniques et artistiques de cette conception avec Serge Chapleau et l’imitateur Pierre Verville.

La conversation est chaleureuse. Le maire Labeaume discute avec philosophie de la nécessité des politiciens de laisser libre cours à la création artistique… même si celle-ci les esquinte un peu.

Une sagesse exemplaire.

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