jeudi 27 juin 2019

Controverse en Allemagne pour des caricatures sur des femmes voilées

Sur le site du Point.

... Eh bien, Berlin est devenue multiculturelle, maman! Nous ne sommes pas aussi intolérants que votre génération des années cinquante ...

La dessinatrice Franziska Becker est accusée d'« islamophobie » et de « racisme » pour ses caricatures sur des femmes voilées. 

Comme l'était Charlie Hebdo...

Sale temps pour les caricaturistes. 

Le 10 juin, le New York Times, quotidien le plus prestigieux du monde, a annoncé l'arrêt des caricatures dans ses pages, à la suite de la parution en avril d'un dessin jugé antisémite. 

En Allemagne, c'est au tour de Franziska Becker d'être au cœur d'une polémique qui rappelle tristement celles sur Charlie Hebdo

La caricaturiste et auteure de bande dessinée doit, le 29 juin, recevoir à Berlin le prix Hedwig-Dohm (une grande pionnière du féminisme allemand au XIXe siècle) récompensant l'ensemble de son œuvre. 

Mais sur Twitter, l'annonce a déclenché une avalanche de critiques.

En cause : des dessins jugés « islamophobes » et « racistes »

L'auteure féministe Sibel Schick estime ainsi que ce prix récompense un travail « misogyne » et qui « invite à la violence contre les femmes »

Le journaliste et éditeur Jakob Augstein a expliqué que « les caricatures sont bonnes quand elles rapetissent les grands, et non pas quand elles tapent sur ceux qui sont tout en bas. C'est pour cela aussi que les caricatures antimusulmanes de Charlies Hebdo étaient mauvaises. C'est une question de pouvoir »

Theresa Bücker, rédactrice en chef du magazine féminin en ligne Édition F, a, elle, twitté : « Pfff. Je viens de regarder quelques-uns de ses dessins, cela donne le vertige, ils sont si souvent racistes, surtout contre les femmes portant le voile. »

Une féministe qui n'épargne pas l'Église catholique

Née en 1949, Franziska Becker s'est engagée dans le mouvement féministe dans les années 1977. 

Pionnière dans un monde des caricaturistes très masculin, étant l'une des premières à traiter par l'humour du sexisme, elle collabore depuis 1977 au magazine Emma fondée par Alice Scharzer, amie de Simone de Beauvoir et féministe la plus célèbre outre-Rhin. 

Franziska Becker a aussi travaillé pour le magazine satirique Titanic ou l'hebdomadaire Stern

Dans un de ses dessins, on voit par exemple une nounou voilée qui explique « mon voile est mon choix de confort vestimentaire personnel. Cela n'a rien à voir avec mon travail ! », alors que, à ses côtés, des enfants jouent avec des « camions kamikazes » ou des poupées voilées. 


Un autre montre une banquière voilée qui déclare à un client : « Désolé, les versements ne se font plus qu'avec un accord écrit de l'époux, père, frère ou fils. » 


Si l'artiste ironise sur des personnages portant le voile intégral, elle n'a jamais épargné l'Église catholique par le passé.

Franziska Becker estime ces accusations « absurdes »

Selon elle, ses dessins ne se veulent pas critiques de l'islam, mais de l'islamisme. 

Pour Alice Schwarzer, qui s'engage depuis longtemps contre les islamistes, ces « fascistes du XXIe siècle », cette polémique représente « la première querelle allemande autour de caricatures »

« L'heure de l'idéologisation, de la police de la pensée et de la censure a sonné », assure la septuagénaire, qui est remise en question par les jeunes générations de féministes. 

Ensemble contre le mécréant, mon frère!

Alice Schwarzer explique que Franziska Becker traite depuis 1991 des « fanatiques de l'islam » et des « propagandistes de la burqa », sans avoir jamais suscité d'indignations. 

« Vingt-huit ans après sa première caricature contre l'islamisme (et non pas l'islam !), voilà que Becker se voit reprocher d'être islamophobe et raciste. 

Une blogueuse d'origine turque a initié ces protestations – et certains l'ont suivie »

Alice Schwarzer rappelle que son magazine Emma est « fier » d'avoir été, au côté de Charlie Hebdo, le premier journal au monde à publier les caricatures de Mahomet en solidarité avec le danois Kurt Westergaard du Jyllands Posten

Le quotidien Die Tageszeitung, à gauche, a lui rappelé le célèbre mot du grand écrivain Kurt Tucholsky : « La satire a droit à tout. »

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