Charlie Hebdo, cinq ans déjà. On n’oublie rien. Ni ce 7 janvier, ni les autres attentats, l’Hyper Cacher, le Bataclan, les terrasses, Nice…
Chloé Verlhac, la veuve du dessinateur Tignous, raconte dans un entretien exclusif ce jour d’effroi, les années de deuil, ses deux enfants, sa reconstruction. Aujourd’hui, elle « peut enfin lui dire au revoir ». Elle nous a prêté un dessin de Tignous qui fait la une.
À Nice, le Dr Florence Askenazy, une pédopsychiatre du CHU Lenval, situé sur la Promenade des Anglais, témoigne des traumatismes multiples et des souffrances des 4 000 enfants qu’elle suit depuis ce 14 juillet 2016, où un islamiste radical fonça dans la foule, tuant 86 personnes et en blessant 458 autres.
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Chloé Verlhac, l’épouse du dessinateur Tignous, publie le 7 janvier Si tu meurs je te tue, chez Plon, un livre dans lequel elle raconte sa vie d’avant, son combat d’après. On l’a rencontrée.
Non. On s’y voyait chaque année mais le coup de foudre est arrivé six ans plus tard. Et il a fallu que je le coince contre le mur de ma chambre. Si je l’avais attendu, on y serait encore !
Dans ton livre, tu parles de vos moments de bonheur, de vos enfants, de vos voyages…
Partager notre histoire signifiait deux choses : elle n’appartenait plus qu’à moi, et elle allait nous survivre.
Tignous a travaillé très longtemps à Charlie Hebdo. Il y était heureux ?
Durant la période Val, il n’était pas heureux, il refusait de lui faire allégeance et donc il était « puni ». Il était, par exemple, payé moitié moins que les autres dessinateurs. Après Val, les soucis d’argent prenaient la tête à tout le monde. Il n’était pas complètement d’accord avec la ligne éditoriale.
Le combat contre le terrorisme islamiste était assez prégnant, ce n’était pas le cheval de bataille de Tignous. À l’une des dernières réunions à Charlie, il s’était copieusement engueulé avec Charb et Biard au sujet des jeunes qui partaient faire le jihad.
Eux disaient : « Il faut arrêter de pardonner, de comprendre, y en a marre. » Et Tignous rétorquait : « Est-ce que vous vous êtes demandé quelle est notre part de responsabilité dans la souffrance de ces jeunes pour qu’ils partent ? »
Le 7 janvier, lorsque tu apprends qu’il y a eu une fusillade à Charlie, tu essaies en vain de joindre Tignous, puis Charb, Luz, Pelloux, et enfin Coco qui décroche en larmes et te dit : « Chloé, viens vite, je ne sais pas s’il est vivant. » Puis elle raccroche. Tu confies tes enfants à ta voisine et tu fonces à Charlie.
Et je ne peux pas passer, je suis bloquée boulevard Richard-Lenoir, à côté d’un camion de pompiers. Je répète à tout le monde : « Je suis la femme du dessinateur Tignous, j’ai deux enfants en bas âge, je veux savoir s’il est vivant ou s’il est mort ! » Personne ne me parle, on me répond : « On ne sait pas. » Et on ne me laisse pas passer.
Le 7 janvier, lorsque tu apprends qu’il y a eu une fusillade à Charlie, tu essaies en vain de joindre Tignous, puis Charb, Luz, Pelloux, et enfin Coco qui décroche en larmes et te dit : « Chloé, viens vite, je ne sais pas s’il est vivant. » Puis elle raccroche. Tu confies tes enfants à ta voisine et tu fonces à Charlie.
Et je ne peux pas passer, je suis bloquée boulevard Richard-Lenoir, à côté d’un camion de pompiers. Je répète à tout le monde : « Je suis la femme du dessinateur Tignous, j’ai deux enfants en bas âge, je veux savoir s’il est vivant ou s’il est mort ! » Personne ne me parle, on me répond : « On ne sait pas. » Et on ne me laisse pas passer.
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