Dessin de Niels Bo Bojesen |
Dans un communiqué publié le 27 janvier 2020, l’ambassade de Chine au Danemark exige des excuses du quotidien Jyllands-posten, l’un des principaux quotidiens du pays.
Le communiqué:
La récente épidémie de nouveau coronavirus à Wuhan a fait 81 morts en Chine. Alors que le gouvernement et le peuple chinois font tout pour lutter contre cette rare urgence de santé publique et que la communauté internationale nous a témoigné une grande sympathie et un grand soutien, Jyllands-posten a publié un `` dessin satirique '' de Niels Bo Bojesen, qui est une insulte à la Chine et blesse les sentiments du peuple chinois. Sans aucune sympathie et empathie, il a franchi la ligne de fond de la société civilisée et la limite éthique de la liberté d'expression et offense la conscience humaine. Nous exprimons notre vive indignation et exigeons que Jyllands-posten et Niels Bo Bojesen confessent leur erreur et s'excusent publiquement auprès du peuple chinois.
AJOUT
Sur le site de Libération:
Le rédacteur en chef du journal danois explique à Libération pourquoi il refuse de s'excuser après la publication d'un dessin représentant le drapeau chinois avec des petits coronavirus.
Dans l’édition de lundi, Niels Bo Bojesen, dessinateur au Jyllands-Posten, a représenté le drapeau chinois avec, à la place des cinq étoiles jaunes, des petits coronavirus.
Un raccourci qui fait tout le sel des dessins de presse que le quotidien conservateur danois publie dans ses pages réservées aux éditoriaux.
Après la publication, en 2005, d’une série de caricatures de Mahomet, le journal avait été la cible d’une campagne de haine mondiale et de plusieurs tentatives d’attentat.
Lundi, c’est la Chine qui s’en est prise à son tour au Jyllands-Posten.
Lundi, c’est la Chine qui s’en est prise à son tour au Jyllands-Posten.
Après avoir rappelé que l’épidémie de coronavirus qui sévit dans le pays a déjà fait une centaine de morts et que le «gouvernement fait tout pour lutter contre cette rare urgence», le communiqué qualifie le dessin d'«insulte à la Chine» et assure qu’il «blesse les sentiments du peuple chinois».
Puis le porte-parole de l’ambassade s’enflamme, assurant que «sans aucune sympathie ni empathie, ce dessin dépasse les limites éthiques d’une société civilisée et de la liberté d’expression, et est une offense à la conscience humaine».
Et exige que le journal et le dessinateur «reconnaissent leurs torts et présentent des excuses publiques».
Et mardi matin, une lettre de même teneur est adressée au journal.
«Il est hors de question de faire des excuses»
«Il est hors de question de faire des excuses à la Chine, s’insurge le rédacteur en chef du Jyllands-Posten, Jacob Nybroe, contacté par Libération.
D’une part, il n’y a rien à reprocher ce dessin. Il n’est pas satirique, ni même critique. Il n’envoie aucun message, il ne fait qu’illustrer de manière très efficace le sujet dont tout le monde parle, sans aucune intention de heurter les sentiments de quelqu’un.
D’autre part, il est inadmissible que la Chine décide de ce qui est publié ou non dans un journal danois.»
Le quotidien consacre par ailleurs plusieurs articles à l’épidémie de coronavirus qui commencerait à toucher le Danemark.
La réaction de la Chine a d’autant plus surpris la rédaction du Jyllands-Posten que Niels Bo Bojesen, qui dessine plusieurs fois par semaine dans le journal, avait mis en ligne dès vendredi le croquis sur son compte Twitter personnel, et qu’il n’avait suscité aucune réaction.
La réaction de la Chine a d’autant plus surpris la rédaction du Jyllands-Posten que Niels Bo Bojesen, qui dessine plusieurs fois par semaine dans le journal, avait mis en ligne dès vendredi le croquis sur son compte Twitter personnel, et qu’il n’avait suscité aucune réaction.
Il n’avait non plus gêné personne dans la rédaction, pourtant très sensibilisée.
«Il y a cinq ans, j’ai décidé de ne plus publier de dessins de Mahomet au nom desquels des gens sont tués, explique Jacob Nybroe.
Mais en dehors de cela, nous avons continué à travailler normalement.
Il y a quelques jours, la feuille d’érable du drapeau canadien a été remplacée par une couronne britannique pour illustrer le sujet de Meghan et Harry.
Mais Niels fait des dessins bien plus durs. Et par exemple, ce mardi, nous avons dans nos pages un dessin, pour le coup critique, qui détourne le drapeau suédois.
Mais la Suède et le Canada ne se sont pas plaints, car ils défendent la liberté d’expression, au contraire de la Chine, qui est une dictature.»
«Fusils de chasse»
Cette réaction de l’ambassade de Chine à Copenhague n’est pas un hasard. Elle participe d’une offensive lancée en novembre par le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi.
Le chef du plus gros réseau diplomatique de la planète avait réuni un millier de diplomates pour les enjoindre d’afficher un «esprit combatif».
Depuis, les critiques et les menaces fusent depuis les représentations chinoises à l’étranger.
Fin novembre, l’ambassade chinoise en Italie se déchaînait après une vidéoconférence organisée par le Sénat italien avec Joshua Wong, un des meneurs de la lutte prodémocratique de Hong Kong, accusant l’Italie «de soutenir la violence et le crime» et d’avoir «un comportement irresponsable».
De son côté, l’ambassadeur chinois en Suède s’emportait contre la remise du prix Tucholsky à Gui Minhai, un éditeur suédois de Hong Kong emprisonné par Pékin.
Le diplomate avait ensuite précisé qu’il «traitait ses amis avec du bon vin et ses ennemis avec des fusils de chasse».
Stockholm a répliqué, assurant «ne pas céder à ce genre de menaces. La Suède garantit la liberté d’expression, c’est ainsi. Point final».
Mardi, la classe politique danoise, et en premier lieu sa Première ministre, Mette Frederiksen, se sont rangées derrière le Jyllands-Posten et la défense de la liberté d’expression.
Mardi, la classe politique danoise, et en premier lieu sa Première ministre, Mette Frederiksen, se sont rangées derrière le Jyllands-Posten et la défense de la liberté d’expression.
«Cette nouvelle histoire de dessin a fait l’effet d’un coup de tonnerre au Danemark. Le soutien du gouvernement et de toute la classe politique, toutes opinions confondues, est très important», conclut Jacob Nybroe.
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