Le premier tour du vote, auquel ont pris part 1.230 autrices et auteurs de « petits Mickeys », a permis de déterminer les trois artistes les plus plébiscités, à savoir Emmanuel Guibert, Catherine Meurisse et Chris Ware.
Le deuxième tour, qui désignera donc le (ou la) « vainqueur » de la 47e édition du festival, se déroulera du mercredi 15 au dimanche 20 janvier (minuit), avec le même collège de votants ; à savoir tout auteur ou autrice de BD professionnel (le), quelle que soit sa nationalité, dont les œuvres sont traduites, en français et diffusées dans l’espace francophone et ayant participé au premier tour.
Le sacre, qui sera annoncé au soir du mercredi 29 janvier, désignera donc un(e) français(e) ou un américain.
S’il s’agit de Catherine Meurisse ou d’Emmanuel Guibert – qui a toujours fait partie du trio final depuis 2018 –, ce sera une première depuis l’instauration, en 2013, du vote des auteurs (les Grand Prix étant auparavant désignés par… les Grand Prix précédents et encore vivants).
Ceux-ci avaient en effet, jusqu’ici, couronné un Néerlandais (Willem, en 2013), un Américain (Bill Watterson, en 2014), un Japonais (Katsuhiro Otomo, en 2015), un Belge (Hermann, en 2016), un Suisse (Cosey, en 2017), un autre Américain (Richard Corben, en 2018) et enfin une Japonaise (Rumiko Takahashi l’an dernier).
De défections en rétractations
En revanche, si les auteurs couronnent Chris Ware, pas sûr qu’ils puissent le congratuler en personne car si le titre offre, l’année suivante, une visibilité internationale, et une rétrospective sur place, il requiert la présence de l’auteur.
En revanche, si les auteurs couronnent Chris Ware, pas sûr qu’ils puissent le congratuler en personne car si le titre offre, l’année suivante, une visibilité internationale, et une rétrospective sur place, il requiert la présence de l’auteur.
Emmanuel Guibert (né en 1964)
Il commence sa carrière avec une œuvre exigeante sur la montée du nazisme, Brune. Puis il publie, entre 2000 et 2008, une série de planches inspirées par les souvenirs de son ami Alan Ingram Cope, La Guerre d’Alan. Arrive ensuite Le Photographe, d’après des entretiens avec Didier Lefèvre, qui reçoit un Prix Essentiels du Festival en 2007. Grand technicien, reconnu par ses pairs comme un dessinateur innovant et précurseur, Guibert est également un scénariste prolifique.
Il crée avec Joann Sfar Les Olives noires, La Fille du professeur et Sardine de l’espace, ainsi qu’Ariol, avec Marc Boutavant, et ces deux dernières séries jeunesse vont mettre en lumière ses talents de conteur et de narrateur. Il est lauréat 2017 du Prix René Goscinny et a été mis à l'honneur par le Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême en 2018 à travers une exposition rétrospective.
Catherine Meurisse (née en 1980)
MISE À JOUR
« L’Académie des beaux-arts élit pour la première fois une dessinatrice de BD, Catherine Meurisse » sur le site du Monde.
Embauchée à Charlie Hebdo en 2005, à 25 ans, alors qu’elle est tout juste diplômée des Arts Déco, Catherine Meurisse commence sa carrière par la BD d’humour. L’histoire de l’art et la littérature sont ses terrains de jeux préférés et au fil de ses différents albums – Mes hommes de lettres, Le pont des Arts, Moderne Olympia –, elle offre une relecture érudite et irrévérencieuse de la culture française. Cette fine critique se pose aussi en observatrice du monde contemporain, jetant un regard impertinent sur l’univers de la justice (La vie de Palais avec Richard Malka), la norme sociale (Savoir-vivre ou mourir), le sexe (Scènes de la vie hormonale), sans hésiter à faire preuve d’autodérision. Son trait vif et malin sublime ses albums pleins de fantaisie, mais sait aussi se faire précis et fouillé lorsqu’il s’agit de reproduire des œuvres d’art.
Après l’attentat de Charlie Hebdo, auquel elle échappe, Catherine Meurisse se met en scène sans masque dans La légèreté. Elle y explique comment elle utilise l’art pour se retrouver, se sortir du chaos. Son approche picturale évolue. Elle se dessine dans des décors sereins, où le beau règne (musées, paysages dépouillés). Une approche plastique qu’elle développe encore dans Les Grands espaces, autre récit autobiographique et très personnel qui revient sur son enfance à la campagne, où, bien entendu, les livres et l’art sont aussi formateurs que la nature. Catherine Meurisse est désormais une artiste qui utilise la bande dessinée comme lieu où comprendre son rapport au monde.Chris Ware (né en 1967)
NB : hasard ou coïncidence, une exposition « Catherine Meurisse, chemin de traverse » sera présentée lors de l’édition 2020 du festival d’Angoulême.
Il est publié très tôt dans RAW, la revue d’avant-garde d’Art Spiegelman et Françoise Mouly. Il entame au début des années 1990 une œuvre d’envergure avec la série des Acme Novelty, vraie-fausse revue à la forme et à la pagination changeante qui installe les personnages bientôt fameux de l’auteur : Quimby the Mouse, Rusty Brown et surtout Jimmy Corrigan. Tous se démarquent par leur timidité, par leur fragilité et par l’empathie immédiate qu’ils suscitent chez le lecteur…
Depuis 25 ans, c’est ainsi une œuvre originale, qui oscille entre une douce mélancolie et une profonde tristesse, que propose Chris Ware, s’attachant toujours à regarder au microscope le quotidien de ses personnages et leurs gestes les plus dérisoires. Par ailleurs, ses livres se distinguent par leur générosité, avec un graphisme immédiatement reconnaissable et une fabrication soignée. La force et la densité de cette œuvre n’ont jamais échappé à la critique. Salué à chaque nouvelle parution, Chris Ware a reçu de très nombreux prix, dont 28 Harvey Awards et 22 Eisner Awards !
L’auteur publie en 2012 le remarqué Building Stories, un livre-objet impressionnant constitué d’une quinzaine de livres de formats divers pouvant être lus dans un ordre choisi par le lecteur – ce dernier livre a reçu le Prix Spécial du Jury au Festival d’Angoulême en 2013. Fin 2020 paraîtra aux Éditions Delcourt son nouvel ouvrage, déjà paru aux États-Unis, Rusty Brown.
MISE À JOUR
« L’Académie des beaux-arts élit pour la première fois une dessinatrice de BD, Catherine Meurisse » sur le site du Monde.
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